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EXCEPTION
McINTOSH
de disques vinyles se révéleraient, à coup sûr, tout à
fait réjouissante. Nous avons procédé à l’écoute de
ces appareils en neutralisant les corrections tonales.
Dans ces conditions, l’équilibre spectral fait preuve
d’une parfaite homogénéité, sans accentuation dans
une quelconque zone spectrale, y compris dans le
grave. À noter un registre aigu lumineux, sans dureté.
Cela profite très largement aux timbres, remarquables
à tous égards, là encore très naturels : les voix, les ins-
truments sont parfaitement caractérisés, sans dureté,
sans les phénomènes de distorsion qui affectent, en
réalité, de nombreux amplificateurs utilisant les semi-
conducteurs. Une façon de rendre hommage à la
beauté ineffable des nombreux Stradivarius du Phil-
harmonique de Vienne, merveilleusement caractéri-
sés, un talent qui, en réalité, n’appartient guère qu’au
tube à son meilleur.
Dynamique : On imagine ces appareils plus à l’aise
dans le volume, l’ampleur, mais qui s’accompagnerait
d’une certaine lenteur, d’une mollesse, à la façon des
automobiles américaines de la grande époque. Il n’en
est rien. Car cet ensemble combine avec un talent rare
l’urgence, la rapidité, pour ne pas dire la rigueur, avec
un sens du moelleux, mais seulement quand cela est
nécessaire. D’autant que cet aspect est parfois fort
utile, réclamé par la musique elle-même, pour une
reproduction vraiment éclairée, ce à quoi parviennent
quelques électroniques à transistors comme Constel-
lation ou Heed. Du coup, les forte d’orchestre dans la
Première Symphonie de Sibelius dirigée par Leonard
Bernstein (DG) gagnent en souplesse et en respira-
tion, sans perdre en vélocité et en précision. Une mer-
veille! Et puis ce géant, le MC1502, ne rechigne pas à
la douceur, les griffes menaçantes laissant parfois la
place à des pattes au velours le plus capiteux… Les
McIntosh n’excellaient guère dans l’acuité rythmique,
domaine où les Anglais (Naim et consorts) restent lea-
ders. Les Américains semblent avoir appris, sur ce
strict plan, la leçon des Britanniques, tant ces mer-
veilles réagissent musicalement avec le rebond, le
charme des meilleurs appareils d’outre-Manche. On
allie en somme le «grand son», apanage unique des
Etats-Unis, à une tension nerveuse qui puise dans la
Vieille Europe.
Scène sonore : Cela n’étonnera personne : elle
est somptueuse, à peu près incomparable, en lar-
geur comme en profondeur, mais sans aucun phé-
nomène d’anamorphose, d’excès en la matière, si
l’on préfère. Car les instruments ou les voix se
déploient à leur échelle juste, sans envahir la scène
sonore. Sur ce plan, l’image stéréo offerte par l’enre-
gistrement de la Vie brève de Manuel de Falla
(EMI/Warner) permet d’appréhender de façon
magistrale cette magnifique scène virtuelle restituée,
enfin, en trois dimensions. Cette mise en perspec-
tive volontiers «atmosphérique» est réellement sai-
sissante, avec des étagements en profondeur d’une
absolue stabilité. Quant aux voix des chanteurs,
elles se déplacent de gauche à droite, ou vers le
fond avec un réalisme exceptionnel.
Rapport qualité/prix :
Certes, ces électroniques en imposent par leur
poids, leur volume, mais aussi leur prix. Elles sont
donc réservées à des mélomanes/audiophiles de
Le fameux bord
chanfreiné
en finition
inoxydable,
façon MC 275,
est du plus bel
effet, agrémenté
par les deux
molettes de
réglage
réservées au
marche/arrêt et
à la coloration
en vert (faculta-
tive) des tubes…