McIntosh C22 Le manuel du propriétaire

Taper
Le manuel du propriétaire

Ce manuel convient également à

EXCEPTION
Certes, les vraies marques de prestige en matière de haute-fidélité
restent rares : une demi-douzaine d’enceintes acoustiques, guère plus;
quant aux électroniques, elles aussi ne dépassent guère les doigts de la
main. Une pourtant échappe à cette classification réservée stricto sensu
à l’univers assez restreint qui nous occupe. Il s’agit bien entendu de
McIntosh, marque pionnière au même titre d’ailleurs que JBL, Tannoy
ou Quad, sans oublier, eh oui! Cabasse et Elipson.
Luxe,
calme et volupté
Le panneau
en verre, situé
au-dessus du
préamplificateur,
laisse
apparaître
le séduisant
rougeoiement
des tubes.
FICHE
TECHNIQUE
PREAMPLIFICATEUR
McINTOSH C22 MK V
Origine : Etats-Unis
Prix indicatif : 7 850 euros
Dimensions : 444 x 152 x 457 mm
Type : préamplification à tubes :
1 x 12AT7 et 5 x 12AX7A
Préampli phono : RIAA (MM et MC)
Réponse en fréquence : 20 Hz à 20 kHz
(0/-0,5 dB) et 15 Hz à 100 kHz (0/-3 dB)
Réglages : Impédance de l’entrée phono,
contrôle de la tonalité
Poids : 11,3 kg
2 x entrées symétriques (XLR)
3 x entrées asymétriques (RCA)
1 x entrée phono MM
1 x entrée phono MC
2 x sorties symétriques (XLR)
2 sorties asymétriques (RCA)
1 x sortie casque (6,3 mm)
Entrée et sortie trigger
124
Esthétique très
sixties voire
seventies,
avec ces deux
réglages
par palier et
les différents
boutons à
bascule destinés
aux différents
modes d’écoute.
Le sélecteur
d’entrées prend
place en haut
à gauche, dont
deux réservées
aux cellules
phono MM
et MC.
L
’ensemble impressionne avec un côté «vin-
tage» tout à fait assumé et désirable. De ce
point de vue, l’aspect visuel du Mc1502, avec
son armée de tubes exposée à la vue, res-
semble étrangement au mythique 275, dont il reprend
très exactement les codes visuels, avec son côté
chanfreiné, mais en version géante cette fois-ci. Et
toujours le châssis en inox du plus bel effet. De la
même façon, le C22 MK V dernière mouture, succes-
seur du CV70, reprend la stylisation très sixties/seven-
ties des préamplis Mc de l’époque, avec la même
allégeance aux réglages de tonalité qui dans certains
cas s’avéreront très utiles : l’ascétisme audiophile
laisse toujours place chez le constructeur américain au
luxe intemporel, au confort d’une autre époque, qui
précède les règles de la «haute-fidélité ésotérique»
du début des années 80… Ces deux modèles consti-
tuent un assemblage très attrayant, préconisé par le
constructeur.
L’HERITIER
Le C22MKV reprend en effet les principes du célèbre
C70, proposé en édition limitée pour le 70
e
anniver-
saire de la marque. Résolument analogique, ce pré-
amplificateur reste très simple d’utilisation, malgré ses
très nombreux réglages. On profitera, grâce au pan-
neau en verre situé au-dessus de l’appareil, du rou-
geoiement des six tubes, vert pour l’occasion si on le
souhaite. En façade, les deux boutons rotatifs placés à
gauche permettent, le cas échéant, d’affiner le réglage
tonal par palier de 2 dB. Les amateurs de vinyles
apprécieront pleinement les deux entrées séparées
MM et MC, et plus encore la possibilité de jouer à la
fois sur la capacitance et l’impédance, en accord avec
la cellule choisie. Avantage toujours, et extrême prodi-
galité, puisqu’il devient possible d’exporter le signal
simultanément aux sorties XLR et RCA, à destination
de deux amplis de puissance séparés. Les passion-
nés de l’écoute au casque trouveront également leur
chemin avec la technologie HXD (Headphones Cross-
feed Director) qui permet d’obtenir une scène sonore
optimisée comparable, nous assure le constructeur, à
celle obtenue avec les meilleures enceintes acous-
tiques du marché. Enfin, l’entrée et la sortie trigger
permettent le contrôle de la source et de l’ampli de
puissance.
DU MUSCLE TOUT EN DOUCEUR
Les amplis McIntosh, et notamment les modèles à
tubes, se distinguent par leurs transformateurs de sor-
tie à circuit couplé, le fameux «Unity Coupled Circuit»,
une technologie brevetée dont on connaît les bien-
faits : moins de distorsion, et une grande richesse
harmonique. Cela permet, en outre, d’obtenir une
puissance identique, quelle que soit l’impédance des
enceintes. Le couple ampli/enceinte se révèle tout à
coup beaucoup moins problématique. Ces deux trans-
formateurs prennent place dans une coque en acier, à
l’abri de toutes les perturbations externes. La section
préamplificatrice est confiée à quatre tubes 12AX7A,
bien connus, couplés à quatre 12AT7 dont deux réser-
vés à chacun des deux canaux afin de limiter la dia-
EXCEPTION
McINTOSH
125
On aperçoit au
second plan
les six tubes de
préamplification,
un 12AT7 et
cinq 12AX7A.
L’ensemble est
relié à une ali-
mentation surdi-
mensionnée,
en mesure de
produire un
courant d’une
parfaite stabilité.
Très polyvalent,
le C22 MKV
comporte de
nombreuses
entrées analo-
giques, à desti-
nation de toutes
les sources
audio.
phonie autant que faire se peut. Les huit KT88, chers à
McIntosh, réservés aux étages de puissance, bénéfi-
cient de la technologie propriétaire Air-Pire qui amé-
liore la dispersion thermique des tubes et par
conséquent au bénéfice de leur longévité. Ces lampes
reposent sur un support en céramique, avec des
contacts plaqués or qui les protègent de l’oxydation.
Quant à la technologie propriétaire Sentry Monitor qui
succède au Power Gard de naguère, il permet d’analy-
ser en permanence le courant de sortie, et de couper
l’ampli au-delà d’une certaine limite, afin de préserver
la durée de vie de l’appareil. Enfin, le bornier HP
donne accès aux trois impédances spécifiques :
2, 4 et 8 ohms.
ECOUTE
Timbres : Avec Mc, on retrouve toujours, sur les
modèles les plus ambitieux, cette patte singulière à la
fois riche et naturelle qui s’apparente très vite à une
étrange évidence, à la fois sonore et musicale, avec
ce quelque chose d’indescriptible qui force l’admiration
et le respect. On pourrait faire référence à un type
d’écoute «analogique», affiliée par nature, ne serait-
ce que sur le plan historique, à l’écoute à tubes. Et
puis, les transformateurs de sortie contribuent sans
aucun doute à cette magie troublante qui semble tout
simplement se rapprocher d’une certaine vérité, dans
notre manière d’appréhender la reproduction sonore.
Car la richesse harmonique des instruments est bel et
bien présente, tout cela menée avec une maîtrise
remarquable,inconnue sur les vieux modèles de la
marque. Ce qui saisit également, c’est cette impres-
sion d’air qui circule entre instruments, d’une façon là
encore très analogique. De ce point de vue, l’écoute
EXCEPTION
McINTOSH
FICHE TECHNIQUE
AMPLIFICATEUR
McINTOSH MC1502
Origine : Etats-Unis
Prix indicatif : 13 500 euros
Type : amplificateur de puissance à tubes :
4 x 12AX7A, 4 x 12AT7 et 8 KT88
Puissance : 2 x 150 W sous 2/4/8 ohms
Dimensions : 464 x 260 x 553 mm
Poids : 53,5 kg
1 entrée asymétrique (RCA)
2 entrées symétriques (XLR)
Entrée et sortie trigger
128
EXCEPTION
McINTOSH
de disques vinyles se révéleraient, à coup sûr, tout à
fait réjouissante. Nous avons procédé à l’écoute de
ces appareils en neutralisant les corrections tonales.
Dans ces conditions, l’équilibre spectral fait preuve
d’une parfaite homogénéité, sans accentuation dans
une quelconque zone spectrale, y compris dans le
grave. À noter un registre aigu lumineux, sans dureté.
Cela profite très largement aux timbres, remarquables
à tous égards, là encore très naturels : les voix, les ins-
truments sont parfaitement caractérisés, sans dureté,
sans les phénomènes de distorsion qui affectent, en
réalité, de nombreux amplificateurs utilisant les semi-
conducteurs. Une façon de rendre hommage à la
beauté ineffable des nombreux Stradivarius du Phil-
harmonique de Vienne, merveilleusement caractéri-
sés, un talent qui, en réalité, n’appartient guère qu’au
tube à son meilleur.
Dynamique : On imagine ces appareils plus à l’aise
dans le volume, l’ampleur, mais qui s’accompagnerait
d’une certaine lenteur, d’une mollesse, à la façon des
automobiles américaines de la grande époque. Il n’en
est rien. Car cet ensemble combine avec un talent rare
l’urgence, la rapidité, pour ne pas dire la rigueur, avec
un sens du moelleux, mais seulement quand cela est
nécessaire. D’autant que cet aspect est parfois fort
utile, réclamé par la musique elle-même, pour une
reproduction vraiment éclairée, ce à quoi parviennent
quelques électroniques à transistors comme Constel-
lation ou Heed. Du coup, les forte d’orchestre dans la
Première Symphonie de Sibelius dirigée par Leonard
Bernstein (DG) gagnent en souplesse et en respira-
tion, sans perdre en vélocité et en précision. Une mer-
veille! Et puis ce géant, le MC1502, ne rechigne pas à
la douceur, les griffes menaçantes laissant parfois la
place à des pattes au velours le plus capiteux… Les
McIntosh n’excellaient guère dans l’acuité rythmique,
domaine où les Anglais (Naim et consorts) restent lea-
ders. Les Américains semblent avoir appris, sur ce
strict plan, la leçon des Britanniques, tant ces mer-
veilles réagissent musicalement avec le rebond, le
charme des meilleurs appareils d’outre-Manche. On
allie en somme le «grand son», apanage unique des
Etats-Unis, à une tension nerveuse qui puise dans la
Vieille Europe.
Scène sonore : Cela n’étonnera personne : elle
est somptueuse, à peu près incomparable, en lar-
geur comme en profondeur, mais sans aucun phé-
nomène d’anamorphose, d’excès en la matière, si
l’on préfère. Car les instruments ou les voix se
déploient à leur échelle juste, sans envahir la scène
sonore. Sur ce plan, l’image stéréo offerte par l’enre-
gistrement de la Vie brève de Manuel de Falla
(EMI/Warner) permet d’appréhender de façon
magistrale cette magnifique scène virtuelle restituée,
enfin, en trois dimensions. Cette mise en perspec-
tive volontiers «atmosphérique» est réellement sai-
sissante, avec des étagements en profondeur d’une
absolue stabilité. Quant aux voix des chanteurs,
elles se déplacent de gauche à droite, ou vers le
fond avec un réalisme exceptionnel.
Rapport qualité/prix :
Certes, ces électroniques en imposent par leur
poids, leur volume, mais aussi leur prix. Elles sont
donc réservées à des mélomanes/audiophiles de
Le fameux bord
chanfreiné
en finition
inoxydable,
façon MC 275,
est du plus bel
effet, agrémenté
par les deux
molettes de
réglage
réservées au
marche/arrêt et
à la coloration
en vert (faculta-
tive) des tubes…
129
L’armée de
tubes impres-
sionne, avec
les huit KT88,
couplés à quatre
12AX7A et
quatre 12AT7.
SYSTEME
D’ECOUTE
Câbles secteur
Audioquest
Lecteur CD inté-
gré Icos Fado
Câble JTC JTC
One
Enceintes : PMC
MB2SE
haut vol, disposant d’une salle d’écoute largement
dimensionnée, où prendront place des enceintes
ad hoc et par conséquent de taille généreuse, elles
aussi. Car l’intérêt d’un tel système d’amplification
réside dans sa faculté rare de savoir faire face au
«grand son», dans sa capacité de se rapprocher
d’un orchestre symphonique au grand complet ou
d’une grande scène d’opéra. De cela, notre
ensemble est tout à fait capable, un pari au fond très
attractif pour les passionnés d’image sonore en trois
dimensions, pour un tarif global qui n’est pas encore
démesuré. Alors…
VERDICT
Insensible à l’impédance, cet ensemble prestigieux,
pourvu au fond d’une magie peu commune, distillera
un plaisir précieux. Il s’accommodera, en outre, de la
plupart des enceintes, même les plus difficiles. Car
chacun sait que les 150 W délivrés par un ampli à
tubes ne se mesurent guère aux 150 W dont dis-
pose un ampli à transistors. La puissance du MC
1502 est donc à peu près sans limite, ce qui repré-
sente un atout considérable, d’autant qu’il s’agit de
fort beaux watts.
Thierry Soveaux
TIMBRES
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DYNAMIQUE
■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■
SCENE SONORE
■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■
QUALITE/PRIX
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